[Test] Prison Break : The Conspiracy

Publié le par Radus

Prison Break aura marqué les amateurs de séries US, que ce soit en bien ou en mal. Avec son scénario d’abord aussi génial qu’invraisemblable, puis juste ridiculement tarabiscoté et capilotracté, la sitcom qui a révélé Wentworth Miller nous aura tenus en haleine quatre saisons durant. Alors que la série touchait à sa fin, les petits gars de ZootFly ont décidé de nous proposer une adaptation de cette dernière sur PS3, Xbox 360 et PC, mais en choisissant un angle différent de ce à quoi on pouvait s’attendre…

 

Prison-Break.jpgPrison Break… Voilà bien un nom qui fait tiquer les amateurs de séries US. Le scénario de la première saison était en effet démentiel, plaçant un génie, Michael Scofield, en prison pour faire évader son frère, Lincoln Burrows, condamné à tort à la peine capitale. La suite sera malheureusement moins brillante, la série partant dans des délires de méga-conspiration de la mort avec une über-entreprise secrète contrôlant le monde. De quoi laisser un goût amer à ceux qui ne sont pas dingues de ces grosses machinations dont raffolent nos amis yankees. La série aura néanmoins acquis assez de notoriété et de potentiel commercial pour qu’une adaptation vidéoludique soit mise en chantier pour PS3, Xbox 360 et PC. On pouvait alors craindre le pire : ce genre d’entreprise s’est souvent soldé par des jeux au mieux moyens (24, par exemple), au pire carrément moisis (Lost ou les Soprano). On peut déjà remercier les développeurs, ZootFly, pour ne pas avoir choisi la voie de la facilité. Ils auraient en effet pu nous placer tout bêtement dans la peau de Scofield pour une aventure point’n click sur tatouage malabar, une simulation de mitard avec Lincoln ou nous créer un Biko en milieu carcéral dont T-Bag aurait été le héros. Il n’en est rien : ces braves gens ont décidé de nous conter les évènements de la saison 1 (la meilleure) sous un angle différent. Nous incarnons donc Tom Paxton, un agent du Cartel, qui infiltre la prison de Fox River afin de comprendre pourquoi ce col blanc de Scofiled a d’un coup pété une durite, braqué une banque et été incarcéré dans la même prison que son frère. Un axe d’approche intéressant qui va donner lieu à une intrigue pleine de trahisons, de surprises et de gros prisonniers tatoués.

 

Niveau gameplay, les développeurs n’avaient pas énormément de solutions. Le jeu se passant dans une prison, on ne pouvait espérer un FPS avec un héros surarmé ou à un grand jeu d’aventure nous faisant parcourir le monde. Paxton étant là pour faire son enquête incognito, l’accent a donc été mis sur l’infiltration. Radar, possibilité de focus sur un élément (quand on nous le dit subtilement avec un gros dessin de touche surmonté de la mention « Focus »), de se coller au mur pour observer tranquillement ce qui se passe, de se cacher dans un placard pour échapper aux gardes, escalade d’éléments du décor… Toute la panoplie de mouvements du parfait agent secret est à la disposition de Paxton. Mais par où va-t-il commencer ? Son objectif étant d’approcher Scofield, il va interagir avec beaucoup de personnages connus : le pervers T-Bag (avec qui cela ne restera que physique… Hé hé), le mafieux Abruzzi, le roublard C-Note ou encore Westmoreland et Bellick sont ainsi de la partie. On pourra d’ailleurs saluer le travail effectué sur les visages. Ils sont en effet très bien modélisés pour la plupart des personnages. Les seules exceptions sont Westmoreland, le Disjoncté et le docteur Tancredi, dont les interprètes n’avaient visiblement pas envie de figurer dans le jeu.

 

Il est par contre dommage que le reste de la réalisation graphique ne tienne pas la route. Les personnages ont en effet des corps très bizarrement proportionnés, donnant l’impression de ne pas avoir de cou. En ce qui concerne les décors, la monotonie est de mise : cave de la prison, couloirs de l’aile psychiatrique de la prison, couloir des cellules de la prison, toit de la prison… On l’aura compris, la nature confinée du terrain de jeu ne peut apporter beaucoup de variété. On reconnaitra certains lieux avec le bonheur du fan (l’infirmerie, la chaufferie,…), mais on ne passera pas outre des textures fadasses. Les animations sont quant à elles tout juste correctes, et c’est encore pire durant les phases de combat censées dynamiser le tout. Ces dernières, déjà assez peu jouables, montrent en effet des combattants gesticulant dans tous les sens comme des tektonik killers. Enfin, niveau son, on mentionnera la présence de la plupart des doubleurs officiels français (mis à part les non licenciés susnommés), même si les voix semblent avoir été encodées à la serpe. Leurs répliques sont en effet plus murmurées que clamées, ce qui nous poussera à pousser le son de la TV, et à nous manger dans la foulée un doublage à volume normal ou une musique en pleines oreilles. Cet aspect est néanmoins rattrapé par l’absence totale du thème Pas le temps de Faf La Rage. On l’a échappée belle.

 

On aura donc des interactions avec les personnages (enroués) de la série ? Mais quelles seront-elles ? Eh bien il s’agira le plus souvent d’aller chercher telle ou telle chose dans une partie de la prison interdite aux prisonniers. On notera d’ailleurs parfois de jolis petits clins d’œil à la série de base : C-Note nous demandera ainsi du Pugnac (qu’il redonnera à Scofield afin que celui-ci se fasse passer pour un diabétique et sabote l’infirmerie), Abruzzi nous enverra chercher un couteau pour se défendre lors de la grande bataille entre noirs et blancs… Les allusions sont sympathiques, mais on se retrouvera le plus souvent à faire la même chose : avancer discrètement dans les zones jusqu’à trouver un conduit d’aération qui nous permettra d’arriver à maximum cinquante mètres de notre objectif, une scène de baston contre un autre détenu venant parfois se glisser dans le tout (souvent sur la fin, quand on se trouve à quinze mètres du contact). Ces dernière séquences de baston prendront d’ailleurs de plus en plus de place sur la fin du jeu, nous plongeant en plein calvaire étant donné leur difficulté (ce n’est pas super jouable, souvenez-vous). Le tout (infiltration et début des combats) étant de plus scripté à mort (et attention, avec du script discount, hein), on se retrouvera devant un jeu d’une répétitivité folle (avancer-attendre-avancer-se cacher-avancer-combat-avancer…) et à l’IA en mousse. Bon, ceci dit, les gars ne sont déjà pas capables de voir que Paxton parle dans un magnétophone à chaque cutscene, et ce alors qu’il est à un mètre d’eux… L’impression de répétitivité est en outre renforcée, d’une part, par l’impossibilité d’explorer librement la prison (pas de séquence d’infiltration optionnelle) et, d’autre part, par la quasi-absence de quêtes annexes. On aura bien un peu d’entraînement pour être plus efficace en combat (et ça ne sera pas du luxe), des bastons clandestinss ou la possibilité de se faire tatouer tout un tas de trucs moches, mais cela reste très pauvre. Les phases de boost (haltères et sac de sable) deviennent d’ailleurs elles aussi très répétitives au bout de quelques minutes… Même les quelques QTE disséminées sont plates et n’apportent rien.

 

Au final, ce jeu Prison Break est ambigu. D’un côté, l’expérience ludique est a priori bien trop bancale pour qu’on s’y intéresse plus que de raison. Répétitif, graphiquement à peine passable, peu jouable, le jeu n’a pas grand-chose pour lui. D’un autre côté, le fan sera content de redécouvrir l’histoire de la meilleure saison de la série sous un angle différent, le tout en profitant d’une modélisation faciale réussie et des voix et musiques officielles. Le jeu commençant à tomber dans les bacs à budget (son prix ne doit pas excéder les 15€ dans la plupart des enseignes), le fan aurait tort de se priver en période creuse, même si un gros effort sera nécessaire pour aller au bout. Les autres peuvent sans doute passer leur chemin sans trop de regret.

 

 

Points positifs

- La modélisation des visages ;

- Une histoire connue sous un angle inédit ;

- La phase d’infiltration (au fond, il n’y en a qu’une déclinée à l’infini) ;

- Les clins d’œil à la série ;

- Pas le temps n’est pas là.

Points négatifs

- IA en papier ;

- Scripts-du-pauvre.com ;

- La réalisation globale pas folichonne ;

- Tous les personnages ont un vilain rhume ?

- Jouabilité des combats à côté de la plaque.

Publié dans Tests-Preveiws

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